Dépaysement et enchantement garantis. Voilà une artiste qui ne trompe pas son monde, au premier coup d'oeil, on voit que ce n'est pas du rock binaire, du rap ou de la lambada.

Avec une musique pareille, et le nom de l'artiste, Manon Laframboise, on se doit de vérifier si ce n'est pas un gag, et on est immédiatement emporté, caressé, par des harmonies d'une infinie délicatesse, mélange de mysticisme et de pop music qui aurait marié des polyphonies de chant grégorien à la retenue mélancolique des mélodies anglaises de l'époque élisabéthaine.

Si c'était une boisson, ce serait un champagne millésimé, à la fois frais et léger, avec des arômes subtils qui se révèlent en deuxième ou troisième gorgée. C'est une artiste à écouter la nuit, quand tout est calme, pour se sentir en pleine communion avec cette sorte de chant des étoiles baigné d'un scintillement très doux, incompatible avec les éclairs des néons agressifs. Je ne sais pas si le nom prédestine à un style, mais il y a indiscutablement un signe, subtilité, réserve, pas de tape à l'oreille clinquant.

Manon Laframboise a une de ces voix rares, comme Teresa Salgueiro, pour qui a été créé le groupe Madre Deus, une perfection vocale qui permet de porter toutes les nuances sans effets tapageurs, sans effort, avec une élégance raffinée. A l'heure où la tendance est de forcer sur le décibel avec des images qui claquent comme des flashes, il est bon de trouver quelque rareté qui apaise.

 

Norbert Gabriel